De l'art de faire des photos en loucedé dans un café
Hier midi j'ai bu une bière, ça arrive à d'autres me direz-vous. Bref, après j'ai transformé la boîte en appareil photo, un coup d'ouvre-boîte sur le couvercle, un trou dans le milieu du fût à l'aide d'une aiguille, du scotch noir et le tour est joué. Le mieux étant que ça donne soif et qu'on s'en fabriquerait bien un deuxième...halte là, faut quand même travailler en milieu étanche, à la lumière s'entend.
Donc direction la chambre noire où on place un morceau de papier photosensible à l'intérieur du fût, scotchez abondamment le couvercle. Placer un petit morceau de scotch sur le trou fait avec l'aiguille, lequel s'avère difficile à trouver dans l'obscurité car on n'y voit goutte, mais on peut le faire au préalable dehors même si on s'en aperçoit que dedans. Ne pas toucher à la canette de révélateur.
Après, se pencher, au risque de perdre l'équilibre, sur un abacq très compliqué vous indiquant comment calculer le temps d'exposition (ethylique?). Multiplier 1/15ème de seconde par un facteur 168 puis lui appliquer un second facteur de correction incompréhensible. Quand vous avez décidé que c'était pas important, vous pouvez maintenant prendre la photo. Trouver un chouette sujet à proximité de la chambre noire, comme la pièce d'à côté par exemple. Poser la canette et retirer le scotch du p'tit trou. Réfléchir bien fort à la solution du calcul d'exposition et repositionner empiriquement le scotch.
Pour la suite, suivre la procédure habituelle de développement d'une photo en commençant dans la chambre noire par retirer la feuille de papier de la canette pour la plonger dans les bains, ce par ordre de préférence : révélateur, bain d'arrêt, fixateur, faut pas trop mélanger comme pour l'alcool car si au début le résultat semble détonnant, ça devient vite complètement inexploitable . On obtient un beau négatif sur papier (d'aucuns diront qu'on peut le faire beaucoup plus facilement sur photoshop mais je sais ceux là hantés par le fait d'avoir bu une bière sans justification patente !).
Voilà en pièces jointes, les jolis clichés tirés sous l'agrandisseur par contact pour avoir un positif, vous suivez ? Pour info aux amoureux de l'art tranquille, cette première photo de mon salon a nécessité une exposition de 2 heures bien loin des cadences stakhanovistes du numérique.
Réflexion faite, afin d'éviter des allers-retours incessants entre la chambre noire et la pièce d'à côté, mieux vaut charger au préalable un pack de canette avec 12 feuilles, comme ça vous vous trimballez ivre de joie en pleine rue avec une pelloche de 12 poses. On peut même imaginer une ceinture cartouchière un peu bricolée pour les transporter et ainsi partir en safari photo loin de son antre, quoique la glacière a le mérite de la discrétion.
Le week-end prochain j'attaque la boîte de 5 kg de compote de Saint mamet afin de réaliser de plus grandes photos. Je sais, c'est sacerdotal chez moi !
bien à vous
Compote de pommes 2009
voilà, tout droit sorti de mes casseroles à grains d'argent, cette compote de vos pommes à consommer sans modération.
voir l'album ci-contre :
Modus operandi pour une camera obscura
Le principe de base est très simple : comme la lumière est réfléchie par les objets dans toutes les directions suivant leurs qualités propres d'absorption, de réflexion, de diffusion, chaque point de la surface d'un écran reçoit des rayons lumineux issus de tous les objets alentours ; ces rayons se mélangent et se combinent (synthèse additive). L'écran apparaît blanc (ou de la teinte majeure éclairant le décor).
En restreignant la lumière extérieure de façon à ce que ses rayons lumineux, émanant du décor, n'entrent que par un seul point dans une chambre obscure, l'écran interceptant cette lumière ne recevra, en chacun des points précis de sa surface, que les rayons issus, en ligne droite (principes de l'optique géométrique) d'un seul point du décor placé en face de la paroi comportant le trou. On verra se former l'image inversée (gauche/droite) et renversée (haut/bas) du décor, extérieur à la chambre obscure, sur l'écran.
L'image projetée est réelle puisque reçue sur un écran (que l'œil de l'observateur soit présent ou non) : l'instrument est dit objectif.
Le principe en est décrit dès Aristote. Cette technique a été utilisée par de nombreux peintres de la renaissance, dont Vermeer, pour calquer les proportions et conserver les perspectives directement sur la toile comme figuré dans l'image ci-dessous.
L'album photo ci-contre à gauche, "Camera obscura", présente la mise en oeuvre d'un tel dispositif dans une grange située dans un ensemble de bâtiments en U. Les outils de base utilisés sont une feuille d'aluminium percée avec un clou, laquelle a été montée sur un bout de carton, ainsi qu'une nappe en papier en guise d'écran, sans oublier un appareil photo numérique pour en rendre compte.
Pour ceux que le procédé intéresse, je leur recommande le magnifique travail du photographe Abelardo Morell .
Tags
Une fois n'est pas coutume, du numérique pour partager non pas des bouilles mais des tags réalisés l'été dernier avec des torches lumineuses. Œuvre collective avec des protagonistes de 7 à 77 ans. Voir ci-contre l'album intitulé Tags.